VotremĂšre dĂ©cĂ©dĂ©e peut alors lors du processus de deuil ou de phases charniĂšres de votre vie, vous apparaĂźtre en rĂȘves. La naissance d’un enfant ou des Ă©preuves Ă  surmonter sont propices aux apparitions nocturnes. C’est en ces moments de doutes que l’esprit de votre mĂšre peut venir vous parler pour vous apporter soutien et JerĂȘve de ma mĂšre, dĂ©cĂ©dĂ©e. 03 mai 2019 . J'Ă©tais endormie et je faisais un rĂȘve assez absurde sans rapport avec ma mĂšre, rĂȘve qui a Ă©tĂ© brutalement interrompu. Je me suis rĂ©veillĂ©e et ai vu ma mĂšre avançant vers moi, habillĂ©e, semblant flotter. Je l'ai saisie par le bras, l'ai fait s'asseoir prĂšs de moi sur le lit, puis lui ai demandĂ© pourquoi elle avait Ă©crit un certain Quelleque soit la nature grammaticale ? a – Si nous pouvons remplacer « quel que soit » par « de quelque nature que ce soit », nous avons la confirmation qu’il est Ă©crit en deux mots : – Quelle que soit votre raison. (Quelle que soit votre raison> bien). . (On ne peut pas Ă©crire : mĂȘme si son motif est> incorrect> donc Jene comprenais pas pourquoi j’avais un bĂ©bĂ© ou pourquoi je connaissais son nom, mais maintenant je suis enceinte et j’ai hĂąte de savoir ce que je vais avoir. Ă  Partir de Anonyme: Quand j’étais enceinte de mon premier enfant, je voulais un garçon, et avant j’ai eu une Ă©chographie, j’étais sĂ»r que j’allais. AudĂ©but, je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça et je ne voyais que ma propre douleur. Je ne voulais me sĂ©parer d'aucun objet de la maison. Je n'Ă©tais pas prĂȘte. J'oublie les choses et je ne me faisais pas confiance pour garder 27 ans de souvenirs avec ma mĂšre. J'avais l'impression de devoir m'accrocher Ă  la moindre chose qu'elle Bonsoir je me permets de poster ici mon rĂȘve de la nuit derniĂšre. dans celui-ci, ma mĂšre (en rĂ©alitĂ©, dĂ©jĂ  dĂ©cĂ©dĂ©e) vient de mourir par Sivotre mĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©e il y a longtemps, le sens des rĂȘves ne change pas , mais si une mĂšre vivante est vue dans un rĂȘve malade ou dĂ©cĂ©dĂ©e, - c'est de la tristesse et des ennuis. Pour une femme - aussi des Ă©checs de mariage ou de divorce, et pour un homme - des difficultĂ©s dans les affaires et perte de carriĂšre. Cest accepter la perte c a d que ton esprit ne cherche plus Ă  vouloir faire vivre ce qui n'est plus. Ensuite pourquoi tu ne rĂȘves plus de ta mĂšre, il y a plein de raison possible. Entre autre, la mĂšre dans les rĂȘve peut traduire l'aspect de prĂ©servation. Aurais-tu en ce moment un changement notable en toi ou tu te sentirais plus libre par exemple? Lecomportement de la mĂšre du mari dans un rĂȘve peut aussi donnerla rĂ©ponse Ă  la question de ce dont rĂȘve la belle-mĂšre. Jurer est un mauvais signe. Il raconte que dans la vraie vie, la jeune fille est entourĂ©e de gens indĂ©licats et insensibles qui la provoquent constamment aux querelles et aux conflits. Il est recommandĂ© de ne pas prendre tout ce qui se passe au coeur. Ignorant AprĂšsune semaine de prĂ©paration, nous ne volons pas une famille de trois enfants, de Fairview Jiangnan - Suzhou dĂ©part . RĂ©veillon du Nouvel An, Shanghai ---- Lhasa le train Z164 avec notre famille, tout le chemin Ă  l'ouest, vers le plateau couvert de neige, AprĂšs une journĂ©e de bosses, le train sorti de Shueisiou Jiangnan , À travers les plaines de l'arriĂšre-pays, Ă  travers les dRJc. MĂȘme aprĂšs des annĂ©es, on ne se remet jamais complĂštement de la perte d’un ĂȘtre cher. Pour certaines personnes, il est particuliĂšrement difficile d’accepter cette sĂ©paration, notamment si celle-ci a Ă©tĂ© brusque. Une partie de leur esprit continue Ă  croire que la personne est toujours en vie, ce qui les amĂšne Ă  revoir frĂ©quemment le dĂ©funt dans leurs rĂȘves. Pour d’autres, il y a la crainte d’oublier tout ce que la personne dĂ©cĂ©dĂ©e reprĂ©sentait pour eux. À force de vouloir garder les souvenirs intacts, il est tout Ă  fait naturel que l’on finisse par rĂȘver d’un dĂ©funt ou d’un ĂȘtre cher dĂ©cĂ©dĂ©. Mais au-delĂ  de ces raisons, ce genre de rĂȘve est aussi une maniĂšre pour notre subconscient de nous faire parvenir des messages. En fonction de ce que nous traversons dans notre vie rĂ©elle, notre subconscient se sert de l’image de nos proches dĂ©cĂ©dĂ©s pour que nous nous donnions la peine de prĂȘter attention Ă  ce qu’il a Ă  nous dire. Rever d un defunt est frĂ©quent Il est souvent vrai que rever d un defunt est Ă©trange et troublant, mais la plupart des gens ne savent pas que les rĂȘves de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es sont assez courants et apportent gĂ©nĂ©ralement des messages puissants aux rĂȘveurs. Avez-vous dĂ©jĂ  rĂȘvĂ© de morts ? Quel genre de rĂȘves faites-vous ? Vous pourriez ĂȘtre curieux de savoir comment vos reves de defunts affecteraient votre vie de tous le sjours. Se familiariser avec vos rĂȘves de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es serait utile pour gĂ©rer les diffĂ©rentes situations auxquelles vous ĂȘtes confrontĂ© dans la vie. Continuez Ă  lire pour tout savoir au sujet de ce que cela signifie quand vous rĂȘvez d un defunt . RĂȘver d’un parent dĂ©cĂ©dĂ© Une mĂšre est gĂ©nĂ©ralement un symbole d’éducation, d’orientation et de refuge. Dans la vie, elle offre confort et conseils. Si vous rĂȘvez de votre mĂšre dĂ©cĂ©dĂ©e, cela peut signifier que vous manquez de cette partie d’elle. En parlant avec elle dans votre rĂȘve, vous essayez peut-ĂȘtre de connaitre son avis sur un problĂšme auquel vous ĂȘtes confrontĂ© dans votre vie. Sachant exactement ce que votre mĂšre dirait si elle Ă©tait encore en vie, votre subconscient va intervenir Ă  travers l’image que vous avez de votre mĂšre pour vous fournir les conseils dont vous avez besoin. RĂȘver de son pĂšre dĂ©cĂ©dĂ© peut Ă©galement vouloir dire plusieurs choses. Dans les rĂȘves, les pĂšres reprĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement la protection, l’autoritĂ©, l’indĂ©pendance et la prise de dĂ©cision. Vous avez peut-ĂȘtre du mal Ă  prendre une dĂ©cision ou Ă  vous faire respecter. Votre subconscient tente alors de vous pousser Ă  l’action Ă  travers un rĂȘve de votre pĂšre dĂ©cĂ©dĂ©. Ce genre de rĂȘve a souvent lieu lorsque vous avez besoin d’un soutien supplĂ©mentaire dans votre vie Ă©veillĂ©e. RĂȘver de son dĂ©funt frĂšre ou de sa sƓur dĂ©cĂ©dĂ©e MĂȘme si rĂȘver d’un proche dĂ©cĂ©dĂ© fait du bien dans la majoritĂ© des cas, il arrive qu’au rĂ©veil on soit un peu troublĂ©. MalgrĂ© l’affection qu’ils ont les uns pour les autres, il est bien connu que les frĂšres et sƓurs peuvent Ă©galement se dĂ©tester » sans pour autant se haĂŻr. Vous pouvez ainsi rĂȘver d’ĂȘtre en conflit avec votre frĂšre dĂ©cĂ©dĂ© ou avec votre dĂ©funte sƓur. Cela peut vouloir dire qu’une amitiĂ© ou une relation risque de prendre fin dans votre vie Ă©veillĂ©e. Dans ce cas prĂ©cis, votre rĂȘve est donc un avertissement. RĂȘver de son frĂšre ou de sa sƓur dĂ©cĂ©dĂ©e peut aussi vous rappeler qu’il est difficile de trouver une personne Ă  la hauteur de ce que reprĂ©sentait votre frĂšre ou votre sƓur pour vous. Il faut nĂ©anmoins comprendre que vous avez toujours des proches et des amis sur lesquels vous pouvez toujours compter. Pour comprendre ce que ce genre de rĂȘve signifie, vous devez observer attentivement ce qui se passe. Est-ce que votre frĂšre ou sƓur essaie rĂ©ellement de vous envoyer un message ? Est-ce qu’il ou elle discute avec vous ou vous ignore ? Ces dĂ©tails clĂ©s peuvent vous montrer la signification sous-jacente du rĂȘve et ce qui se passe dans votre esprit subconscient. Parfois, la rĂ©ponse la plus simple est que la prĂ©sence de cette personne vous manque. Rever d un defunt ami Un bon ami peut apparaĂźtre dans vos rĂȘves pendant une pĂ©riode de lutte ou lorsque vous vous efforcez de prendre une dĂ©cision difficile. Rever d un defunt ami pourrait alors indiquer que vous avez besoin d’un peu d’aide pour prendre cette dĂ©cision. Dans la plupart des cas, ce genre de rĂȘve signifie tout simplement que cet ami fidĂšle vous manque. Parfois, rĂȘver qu’un ami dĂ©cĂ©dĂ© soit de nouveau en vie montre que vous avez besoin de cultiver une qualitĂ© ou un trait qui le caractĂ©risait. Si votre ami Ă©tait connu pour aimer la vie et pour s’amuser en permanence, vous pouvez en rĂȘver lorsque vous rencontrez des problĂšmes et avez besoin de quelqu’un pour vous apaiser. PrĂȘtez attention Ă  ce que cet ami fait et dit dans le rĂȘve pour pouvoir interprĂ©ter le sens de votre rĂȘve avec plus de prĂ©cision. RĂȘver d’embrasser un proche dĂ©cĂ©dĂ© dans son rĂȘve Certaines cultures affirment qu’embrasser une personne dĂ©cĂ©dĂ©e dans les rĂȘves est un signe de longĂ©vitĂ© s’il s’agit d’une courte Ă©treinte. Dans l’interprĂ©tation des rĂȘves de l’Islam, un long cĂąlin signifie que vous embrassez votre propre mort, mais en gĂ©nĂ©ral ce genre de rĂȘve peut tout simplement suggĂ©rer un besoin d’ĂȘtre aimĂ©. Cela dĂ©pend de la personne que vous embrassez dans votre rĂȘve. Si vous rĂȘvez d’embrasser une personne dĂ©cĂ©dĂ©e avec qui vous aviez l’habitude de faire cette dĂ©monstration d’affection, cela peut simplement vouloir dire que cette personne vous manque et que vous souhaitez retrouver son amour et leur soutien. Cela est particuliĂšrement vrai si vous Ă©treignez un membre de votre famille, un parent ou un ami dans votre rĂȘve. Vous avez peut-ĂȘtre simplement besoin de plus de soutien au rĂ©veil, alors votre subconscient vous a laissĂ© vous souvenir d’un ĂȘtre cher dĂ©cĂ©dĂ© pour vous soutenir. En somme, le rĂȘve est un moyen pour votre subconscient de vous faire comprendre vos besoins Ă©motionnels. Ainsi, outre la raison Ă©vidente qu’un proche dĂ©cĂ©dĂ© vous manque, le revoir dans votre rĂȘve indique gĂ©nĂ©ralement un manque dans votre vie. Cela reste valable, que vous rĂȘviez de vos propres parents, d’une tante, d’un frĂšre, d’un de vos grands-parents ou d’un ami proche qui vous a toujours fait vous sentir en sĂ©curitĂ© et aimĂ©. Il est alors fort probable que vous ayez besoin de cet amour supplĂ©mentaire et de cette sĂ©curitĂ© dans votre vie rĂ©elle. Une autre raison pour laquelle vous pourriez avoir ce genre de rĂȘve est que vous souhaitez avoir les qualitĂ©s de ces personnes dĂ©cĂ©dĂ©es dans votre propre vie. bonjour, cela fait deux fois que je rĂȘve de ma mĂšre dĂ©cĂ©dĂ©e il y a deux mois. Dans le 1 er rĂȘve, je la voyais chez nous a la maison , assise , il y a avait une belle lumiĂšre sur son visage, elle mangeait des fruits, ensuite je suis allĂ©e la voir, elle Ă©tait dans la cuisine, je me suis approchĂ©e d'elle, elle Ă©tait souriante, je voulais la prendre dans mes bras pour l'embrasser, elle m'a rĂ©pĂšte plusieurs fois "pourquoi tu pleures?, ne pleures pas", je l'ai prise dans mes bras, je les serrĂ© fort dans mes bras, je pleurais et elle a disparue comme Ă©vaporĂ©e, et je me suis rĂ©veillĂ©e en larmes. Le deuxiĂšme rĂȘve s'est passĂ© Ă©galement chez nous a la maison, elle Ă©tait au balcon, je venais et je l'ai appelĂ© maman, je suis venue vers elle, et je l'ai serrĂ©e fort dans mes bras, elle m'a egalement prise dans ses bras et m'a caressĂ©e le dos. Et je me suis encore rĂ©veillĂ©e avec des larmes. Pouvez-vous me dire svp comment je dois interprĂ©ter et que veulent dire ces rĂȘves. J'ai fais ces deux rĂȘves a une semaine d'intervalle. Barrakoullah fikoum. Cet Ă©tĂ©, j’ai dormi et j’ai lu. Je n’ai fait que ça. J’ai pris des notes sur mes lectures que je partage ci-dessous. Une revue chronologique de tout ce qui m’a nourrie et transformĂ©e. Des romans, des ouvrages de psychanalyste et de sociologue, des enquĂȘtes sur les fondateurs du yoga moderne, des histoires qui rĂ©veillent
La fille de Deauville de Vanessa Schneider Éditions GrassetGrand Reporter au journal Le Monde et autrice d’une dizaine de livres, Vanessa Schneider est une amie proche. Ce n’était pas encore le cas lorsque j’ai dĂ©couvert ses premiers romans autobiographiques TĂąche de ne pas devenir folle et La mĂšre de ma mĂšre. Ces livres ont Ă©tĂ© vraiment importants pour moi et je crois qu’ils ont beaucoup participĂ© Ă  la constitution de notre amitiĂ©. En 2018, elle a publiĂ© Tu t’appelais Maria Schneider oĂč elle s’est Ă  nouveau servie de sa mĂ©moire pour tisser une matiĂšre littĂ©raire. Avec La fille de Deauville, elle nous plonge dans un tout autre univers en nous racontant la trajectoire de JoĂ«lle Aubron, l’une des quatre terroristes du groupe Action Directe qui a marquĂ© les annĂ©es 1980 par une sĂ©rie d’attentats en France. Je me souviens trĂšs bien de ces quatre visages en noir et blanc recherchĂ©s quand j’étais enfant. Vanessa qui a un talent particulier pour les portraits et que j’ai toujours vu s’intĂ©resser aux parcours qui dĂ©rapent, choisit ici de focaliser son attention sur la bourgeoise de la bande. Elle imagine un flic traquant les quatre militants et nous planque avec lui dans sa voiture en plein hiver, espĂ©rant mettre une fin dĂ©finitive aux attentats. Un roman policier qui prend source dans un terreau historique que Vanessa n’a pas manquĂ© de labourer avec sĂ©rieux. Le livre n’est cependant pas une enquĂȘte journalistique mais bien une fiction avec deux atmosphĂšres qui se juxtaposent, celle d’un flic usĂ© par la solitude et la cavalcade d’une jeune femme que rien ne prĂ©destinait au terrorisme. Tout au long de la lecture, on imagine trĂšs bien le film qui pourrait en jaillir. Play boy Stock, Love me tender Flammarion et Nom Flammarion de Constance DebrĂ©DĂ©but juillet, j’étais en weekend pour une nouvelle formation Ă  l’enseignement du yoga vinyasa. Mon corps Ă©tait en plein effondrement. Il ne rĂ©pondait plus Ă  aucune de mes demandes. MĂȘme la posture la plus simple me collait Ă  terre. Je suis partie me reposer au bord de la mer une semaine avec quelques bouquins. Dans ma valise, j’ai trouvĂ© Play Boy de Constance DebrĂ© qu’une de mes amies venait de m’offrir. Ça parait fou mais je ne savais rien de l’autrice, en dehors du fait que toutes mes amies me recommandaient de lire ses romans. Sans doute parce que je ne me suis pratiquement intĂ©ressĂ©e qu’au yoga ces derniĂšres annĂ©es, que je lis peu la presse et ne regarde aucune Ă©mission littĂ©raire. Et puis, j’ai tendance Ă  ĂȘtre intimidĂ©e par les livres dont tout le monde parle et que je n’ai pas lus. Je n’entends plus, je m’extrais du buzz, je fuis la conversation sans bouger. Je ne connaissais mĂȘme pas ses liens de parentĂ© avec les hommes politiques de la lignĂ©e DebrĂ©. C’est vous dire dans quelle virginitĂ© je me trouvais lorsque j’ai entamĂ© Play Boy. Ça ne faisait pas 10 pages que je lisais que toute ma colonne vertĂ©brale s’est redressĂ©e. Des faits. Des lieux. Des impressions. Aucune volontĂ© de sĂ©duire. Un rythme en rupture. Des chapitres ultra courts. Constance DebrĂ© raconte comment elle est devenue lesbienne aprĂšs s’ĂȘtre sĂ©parĂ© de son mari avec qui elle a eu un garçon. Elle dĂ©pouille les phrases au cutter comme elle quitte son mĂ©tier d’avocate pĂ©naliste. Et tous les masques qui l’aliĂ©naient dans des rĂŽles qu’elle pulvĂ©rise Ă  la hache. Elle s’autorise tout. Dans sa vie comme sur le papier. On se sent grisĂ© par la libertĂ© qu’elle arrache comme une croĂ»te sur un genou d’enfant. J’ai eu l’impression de sortir de ma lĂ©thargie avec une grande claque dans la figure. J’ai aussitĂŽt enchainĂ© avec Love me tender, son second roman. Le dĂ©pouillement se poursuit. Plus de thune. Plus d’appart mais une chambre de bonne. Plus d’objets personnels en dehors d’un jean, une montre et un sac pour aller Ă  la piscine. Un procĂšs d’une grande brutalitĂ© la prive de son fils. De quoi se constitue l’amour qui lie une mĂšre Ă  son enfant ? Est-ce qu’on peut cesser de l’aimer comme on quitte une conquĂȘte ? À la lecture des scĂšnes au centre de mĂ©diation familiale, seul endroit oĂč on l’autorise Ă  voir son fils pendant cette pĂ©riode, j’avais l’impression qu’on me prenait le cƓur et qu’on l’essorait jusqu’à la derniĂšre goutte. J’ai Ă©videmment voulu connaitre la suite en lisant Nom, le dernier livre de Constance DebrĂ© sorti en 2022 qui marque une rupture avec les deux premiers puisqu’elle sort du rapport factuel et du rythme stylistique avec, parfois, des phrases de plusieurs pages. Les cheveux courts ont Ă©tĂ© rasĂ©s. Le corps sculptĂ© au crawl quotidien s’est aiguisĂ© comme un couteau. Plus de chambre Ă  soi ni de clefs. Plus de comptes Ă  rendre Ă  personne, pas mĂȘme aux filles chez qui elle dort. Cette fois, Constance DebrĂ© interroge l’hĂ©ritage familial. Peut-on se libĂ©rer de tout ? Peut-on se dĂ©faire d’une Ă©ducation ? D’une classe sociale ? D’un accent ? D’un nom ? Qu’est-ce qui subsiste quand on croit avoir tout enlevĂ© ? Sans pathos, elle raconte la mort de son pĂšre toxicomane. La mort prĂ©maturĂ©e de sa mĂšre alcoolique lorsqu’elle Ă©tait adolescente. La violence et le panache. Chez elle, ce n’est pas l’histoire ni son comportement qui m’intĂ©ressent, c’est la littĂ©rature. La musique sans foi ni loi qu’elle invente au lance-flamme. AprĂšs avoir lu cette trilogie, j’ai trouvĂ© mon ordi et me suis remise Ă  Ă©crire. Jouissif. Il n’y a que deux livres sur la photo car j’ai oubliĂ© Play boy dans la maison oĂč j’étais cet Ă©tĂ© 😉Emotional Inheritance de Galit Atlas Éditions Short Books Il faut absolument que tu lises ça ! » m’a Ă©crit Zeva Bellel, ancienne journaliste devenue coach, dans un sms accompagnĂ© de la couverture du livre. Je l’ai commandĂ© et Zeva me l’a offert quelques jours plus tard avec deux exemplaires, je ne risquais pas d’éviter de le lire. Galit Atlas est une psychanalyste d’origine israĂ©lienne installĂ©e Ă  Manhattan depuis de nombreuses annĂ©es. Elle s’intĂ©resse ici aux traumatismes gĂ©nĂ©rationnels en nous prĂ©sentant une sĂ©rie de patients dont elle a modifiĂ©, avec leur accord, l’identitĂ© et parfois quelques dĂ©tails permettant de les reconnaitre. De quoi hĂ©rite-t-on sans le savoir et comment les drames non rĂ©solus de la gĂ©nĂ©ration de nos ascendants se rĂ©percutent-ils sur notre prĂ©sent ? Cette question existentielle occupe mon cerveau depuis plus de trente ans. J’ai toujours Ă©tĂ© obsĂ©dĂ©e par la puissance dĂ©vastatrice des secrets de famille et la rĂ©silience qui s’opĂšre lorsqu’ils sont rĂ©vĂ©lĂ©s, y compris aux gĂ©nĂ©rations qui n’ont pas connus les ascendants concernĂ©s. Il y a ces dates anniversaire que l’inconscient reconnait et manifeste dans le corps. Une fausse couche qui arrive Ă  l’ñge exact qu’avait une grand-mĂšre lorsqu’elle a perdu un de ses enfants dont on ignorait l’existence
 On connait tous des histoires troublantes de ce type, qu’elles soient issues de notre famille ou de celles de notre entourage. Galit Atlas en a compilĂ© un certain nombre et j’ai beaucoup aimĂ© qu’elle partage avec nous le flot de ses pensĂ©es au cours des sĂ©ances avec ses patients. Cela nous permet de comprendre ce qui se dĂ©roule dans la tĂȘte d’un psy, les associations d’idĂ©es qui le renvoient Ă  sa propre histoire, et le cheminement Ă  deux, sans que l’analysant prenne le dessus sur l’analysĂ©. La psychanalyste ajoute aussi, au cours de son rĂ©cit, des notions psychanalytiques afin de nous permettre de mieux comprendre comment la psychĂ© fonctionne. J’ai mis du temps Ă  lire ce texte. J’étais trĂšs Ă©mue. Il me fallait du temps pour digĂ©rer le parcours thĂ©rapeutique des uns et des autres car chaque histoire me renvoyait Ă  la mienne. Une mise en abĂźme du jeu de miroirs entre le soignant et le soignĂ©. Le trauma contamine autant que la rĂ©silience et l’on se sent soulagĂ© dĂšs que le patient dĂ©noue, ouvrant un espace de guĂ©rison pour le lecteur. Je me suis posĂ©e de nombreuses questions en lisant cet ouvrage alors que j’étais si fatiguĂ©e que je ne pouvais plus me lever. J’allais avoir l’ñge que mon pĂšre a atteint lorsqu’il est mort il y a 33 ans. Je n’ai jamais craint de mourir aussi jeune que lui d’une maladie grave. Je me suis toujours dit que j’avais suffisamment eu de malchance dans mon enfance pour ne pas me taper ça, en plus du reste. À 13 ans, je rĂȘvais de me casser loin de chez moi pour faire tourner la roue et que la vie, la vraie, dĂ©marre enfin. Cet Ă©tĂ©, je me suis sentie faible. Fragile. VulnĂ©rable. MĂȘme mon cerveau qui carbure habituellement Ă  une vitesse folle ne me laissait plus ni Ă©crire ni rĂ©flĂ©chir. Je n’avais pas peur de mourir mes problĂšmes de surmenage sont d’une grande banalitĂ© et le repos forcĂ© a montrĂ© son efficacitĂ© mais je n’arrĂȘtais pas de conscientiser ce que cela signifie que de disparaitre Ă  46 ans. Mon corps ne m’a pas laissĂ© me distraire de ma peine en travaillant comme une acharnĂ©e. Lorsque j’ai lu ce livre, j’ai compris que ce n’était pas un Ă©tĂ© anodin. Au chagrin du deuil et du manque que je connais s’est superposĂ© un autre traumatisme le sien, peut-ĂȘtre, lorsqu’il a compris qu’il ne survivrait pas Ă  son cancer du cerveau. Il n’y avait pas que mes larmes qui dĂ©bordaient mes yeux, il y avait aussi les siennes. J’ai Ă©crit Ă  Galit Atlas aprĂšs avoir fini son livre. J’avais tant de questions Ă  lui poser. Nous avons dĂ©marrĂ© une conversation que j’aimerais poursuivre et partager avec vous. J’en reparlerai. Le livre Emotional Inheritance a Ă©tĂ© publiĂ© aux États-Unis, en Angleterre et traduit en italien. Il n’existe pas encore en français. Pour Ă©couter l’épisode de mon podcast que j’ai enregistrĂ© avec Zeva Bellel, c’est par ici. Vivre sans bruit de Samar Seraqui de Buttafoco Éditions CharlestonConnue sur Instagram sous le nom d’Une Libanaise Ă  Paris », Samar Seraqui de Buttafoco est une ancienne journaliste nĂ©e au Liban dont les hasards l’ont menĂ© Ă  travailler dans l’univers de la mode. CrĂ©atrice de la marque de t-shirts Das mot et de la ligne de soins capillaires Philia, cette jeune femme pĂ©tillante aime jouer avec les apparences. MĂ©fiez-vous de ses Ă©clats de rire et de ses tenues moulantes. C’est la poudre qu’elle souffle au nez de ceux qui la jugent pour masquer ses blessures et ses grands chagrins. Une politesse, en somme. On ne se connait pas trĂšs bien elle et moi mais on s’est souvent croisĂ© et elle m’a gentiment envoyĂ© son livre qui est sorti le 24 aoĂ»t 2022. Elle m’avait confiĂ©, l’hiver dernier, qu’elle Ă©crivait mais je ne savais pas du tout Ă  quoi m’attendre. Je l’ai ouvert et lu d’un trait. Qu’est-ce qui fait qu’on appartient Ă  un pays ? Est-ce la langue que l’on partage ? L’histoire qu’on nous apprend Ă  l’école ? Les souvenirs gustatifs ? Les murs sur lesquels on a laissĂ© courir la pulpe de nos doigts ? Avec pudeur, Samar raconte un drame familial entre Beyrouth et le XVIe arrondissement parisien. Factuelle, parfois dĂ©tachĂ©e, elle ne cherche pas Ă  maquiller les dĂ©chirures du passĂ© et interroge son lecteur sur le sentiment d’appartenance. D’ailleurs elle joue beaucoup avec le choix des temps auxquels elle conjugue ses verbes. Elle passe du prĂ©sent Ă  l’imparfait, comme si elle se remĂ©morait Ă  l’instant oĂč elle Ă©crit. On sent que quelque chose de grave va se passer mais inutile de s’y prĂ©parer. C’est dĂ©jĂ  trop tard. SiĂšcle Bleu Tome 1. Le rĂȘve de GaĂŻa et Tome 2. Ombres et LumiĂšres de Jean-Pierre Goux Éditions Babel Noir Actes Sud J’avais commencĂ© Ă  lire cette saga il y a plus d’un an lorsque j’ai interviewĂ© son auteur Jean-Pierre Goux pour le premier Ă©pisode de mon podcast Pleine PrĂ©sence. Mais comme ils rĂ©unissent Ă  eux deux plus de mille pages, je me suis dĂ©couragĂ©e, par manque de temps. Cet Ă©tĂ©, j’ai recommencĂ© du dĂ©but et j’ai dĂ©vorĂ© les deux tomes en quatre jours comme quoi quand on a dĂ©cidĂ© de faire de la place aux livres, rien ne peut nous arrĂȘter. Ancien chercheur en mathĂ©matiques et crĂ©ateur de OneHome, Jean-Pierre Goux est convaincu de la puissance des rĂ©cits sur l’éveil des consciences. Alors que nous sommes inondĂ©s de films d’anticipation annonçant la fin du monde, de science-fiction apocalyptique et de nouvelles de plus en plus anxiogĂšnes sur l’avenir du climat et ses consĂ©quences sur la biodiversitĂ©, Jean-Pierre Goux imagine une autre issue aux dĂ©fis de notre Ă©poque. Le monde qu’il dĂ©peint au dĂ©but du premier tome de SiĂšcle Bleu sorti en 2010 ressemble beaucoup au nĂŽtre. Deux amis, Paul, un astronaute prĂȘt Ă  dĂ©coller pour la lune et Abel un passionnĂ© des sciences de la vie, fondateur d’une organisation Ă©cologique clandestine, se retrouvent mĂȘler Ă  une machination politique d’envergure internationale. Tout au long du rĂ©cit, Jean-Pierre Goux en profite pour documenter son histoire d’informations sur la biodiversitĂ©, l’astronomie, l’économie criminelle, le fameux overview effect, les solutions dĂ©jĂ  disponibles pour changer ce que nous percevons comme une fatalité  Avec maniaquerie et dĂ©lice, il rĂ©ussit Ă  intĂ©grer tous ses objets de rĂ©flexion. TraitĂ© comme un roman d’espionnage, la saga nous embarque aux quatre coins du monde, nous fait dĂ©coder des messages chiffrĂ©s, nous fait entrer en transe sur les beats de Laurent Garnier
 et nous laisse rĂȘver d’un autre monde. Uni et respectueux du vivant. Jean-Pierre Goux prĂ©pare actuellement la suite de cette saga. Retrouvez le tome 1 ici et le tome 2 lĂ . GrĂące et DĂ©nuement d’Alice Ferney Éditions J’ai LuJ’ai fait tomber ce livre dans la riviĂšre alors que je remettais mes lunettes. Je l’ai sauvĂ© et me suis dĂ©pĂȘchĂ©e de le finir avant que les pages ne se collent entre elles, d’oĂč son allure sur la photo. Une bibliothĂ©caire se rend un jour dans un camp de gitans installĂ©s Ă  la frontiĂšre de la ville. Elle souhaite venir lire des histoires aux enfants. Une lecture chaque mercredi sans aucune attente en retour. On se mĂ©fie. Elle insiste. De Babar au Petit Prince de Saint ExupĂ©ry, en passant par les fables de La Fontaine, la lectrice se fait progressivement adopter par les petits qui attendent impatiemment son retour chaque mercredi, par leurs mĂšres et surtout leur grand-mĂšre qui dirige la vie du camp. Je connais trĂšs peu la culture tzigane et je me suis demandĂ©e en lisant ce que penseraient ceux qui pourraient se reconnaitre dans ce roman sorti en 1998. De mon cĂŽtĂ©, j’ai adorĂ© rencontrer cette famille, me sentir accueillie, Ă  l’instar de la bibliothĂ©caire, un cafĂ© brĂ»lant entre les mains. Au fil des chapitres, les prĂ©jugĂ©s rĂ©ciproques fondent comme les morceaux de plastique au coin du feu. On s’apprivoise. On se rapproche. On se prend dans les bras avec pudeur. On se reconnait au-delĂ  des diffĂ©rences. Une lecture qui rend curieux de l’ enfants aprĂšs eux de Nicolas Mathieu Editions Actes SudJ’ai beaucoup de retard sur ce livre qui a reçu le Prix Goncourt en 2018 et que j’avais achetĂ© la mĂȘme annĂ©e. Nicolas Mathieu a eu le temps d’en sortir un autre cette annĂ©e. Leurs enfants aprĂšs eux m’a placĂ©e dans une telle atmosphĂšre cinĂ©matographique que j’ai eu l’impression de le regarder sur un grand Ă©cran. Nicolas Mathieu est nĂ© en 1978. Nous avons deux ans d’écart. Il plante son dĂ©cor dans l’Est de la France au bord d’un lac que je ne connais pas, dans les annĂ©es 1990, celles de son adolescence. Du choix des prĂ©noms de ses personnages en passant par les rĂ©fĂ©rences musicales, les Ă©vĂ©nements sportifs, les marques de gĂąteaux industriels ou encore les Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es, l’auteur n’a oubliĂ© aucun dĂ©tail de cette dĂ©cennie. L’histoire commence en 1992 pendant les grandes vacances. Des ados zonent Ă  mobylette, les poches remplies de feuilles Ă  rouler et de micro-boulettes de shit Ă  faire tourner, espĂ©rant un frisson Ă  la vue de seins nus sur la plage naturiste du lac. Anthony fantasme sur StĂ©phanie et aimerait bien oser lui parler Ă  la prochaine soirĂ©e. L’espace d’une nuit festive, un dĂ©lit qui aurait pu rester bĂ©nin va totalement modifier la destinĂ©e d’Anthony et de son entourage. L’auteur Nicolas Mathieu qui a dĂ©coupĂ© son rĂ©cit en quatre parties, nous embarque dans cette vallĂ©e Ă  la dĂ©couverte de personnages que l’on voit Ă©voluer tous les deux ans au mĂȘme endroit Ă  la mĂȘme saison, des annĂ©es Nirvana Ă  la coupe du Monde de 1998. Il sait si bien dĂ©crire l’ennui et le temps qui s’étire au ralenti pendant l’adolescence. Mais son rĂ©cit n’est pas un documentaire historique sur les ados dans les annĂ©es 1990. Il est bien plus que cela. Il dit l’aliĂ©nation des classes sociales bien compartimentĂ©es, l’effondrement de ceux qui n’ont vĂ©cu qu’en lutant, le dĂ©sir brĂ»lant de s’échapper au rĂ©cit familial, le sabotage irrĂ©pressible que l’on connait tous par pĂ©riodes, la splendeur de la banalitĂ©, la violence du manque, la nostalgie et la fatalitĂ©. J’ai adorĂ© ce livre dont je n’ai pas pu dĂ©crocher. Je pense encore Ă  Anthony, Ă  Hacine, Ă  StĂ©phanie et au cousin » et je me demande, en regardant des inconnus de mon Ăąge dans la rue, ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. Et moi, quel goĂ»t me reste-t-il de ces annĂ©es ?La carte postale d’Anne Berest Editions GrassetC’est l’un de mes coups de cƓur de l’étĂ©. Je voudrais que tout le monde lise ce roman, si important Ă  mes yeux. D’abord, il cumule Ă  peu prĂšs tout ce que j’ai envie de lire en ce moment un rĂ©cit personnel, des questions identitaires, une Ă©nigme familiale Ă  rĂ©soudre, la transmission des traumatismes, les rĂ©pĂ©titions mystĂ©rieuses entre des gĂ©nĂ©rations qui ne se sont pas connues et une rĂ©flexion qui transforme le lecteur au fil des pages
 En janvier 2003, la famille d’Anne Berest reçoit une carte postale sur laquelle sont inscrits quatre prĂ©noms celui de son arriĂšre-grand pĂšre. Celui de son arriĂšre-grand-mĂšre. Celui de la sƓur de sa grand-mĂšre maternelle et celui du petit frĂšre de sa grand-mĂšre. Quatre humains raflĂ©s et exterminĂ©s dans les camps de concentration pendant la deuxiĂšme guerre mondiale. Une liste macabre sans signature. D’oĂč vient ce courrier ? Qui peut bien l’avoir envoyĂ© ? Que cherche son auteur ? Quelques annĂ©es plus tard, une question de sa fille pousse Anne Berest Ă  interroger son identitĂ© juive alors qu’elle a reçu une Ă©ducation laĂŻque et qu’elle n’a jamais pratiquĂ© cette religion. Avec l’aide de sa mĂšre qui a accumulĂ© des archives sur ses ascendants pendant plus de vingt-cinq ans, Anne part en quĂȘte de l’auteur de cette carte postale et de l’histoire de ceux qu’elle n’a jamais connus. Je suis encore Ă©mue en me remĂ©morant cette lecture. Je ne veux pas en dĂ©voiler davantage. Lisez-le, c’est une merveille. Essentielle mĂȘme. Je ne saurai dire Ă  quel point ce livre m’a touchĂ©e. Il m’a fait grandir. La carte postale vient tout juste de sortir en poche. DĂ©passer la honte, comment passer de que vont penser les gens ? » Ă  je suis comme je suis » de BrenĂ© Brown Editions Guy TrĂ©danielJ’ai commandĂ© ce livre en français. Si vous lisez en anglais, je vous recommande vivement d’éviter de faire la mĂȘme erreur que moi la traduction est mĂ©diocre. J’étais capable, sur certaines pages, de reconstituer la phrase originelle en anglais tant le texte semblait sortir d’une fonction Google Translate ». Son titre en anglais est I thought it was just me but it isn’t, sorti aux Éditions Gotham en 2007. BrenĂ© Brown est chercheuse en sciences sociales et humaines, professeure et chercheuse Ă  l’UniversitĂ© de Houston au Texas. Elle est connue aux États-Unis pour ses ouvrages et ses confĂ©rences sur la vulnĂ©rabilitĂ© et la nĂ©cessitĂ© de pactiser courageusement avec nos fragilitĂ©s afin d’oser prendre la place que nous souhaitons occuper. Le titre de ce livre est prometteur mais ce n’est pourtant pas un guide. Il s’agit d’une enquĂȘte menĂ©e sur un grand nombre de femmes amĂ©ricaines qui ont acceptĂ© de confier Ă  la sociologue les situations qui les ont rendues honteuses. La chercheuse ne s’est pas contentĂ©e de partager le rĂ©cit des femmes interviewĂ©es en le classifiant par thĂšmes. Elle leur a Ă©galement proposĂ© de se prĂȘter Ă  une sĂ©rie d’exercices afin d’identifier ce qui les enferme dans ce qu’elle appelle la toile de la honte » versus le rĂ©seau de soutien » capable de les aider Ă  se libĂ©rer de cette Ă©motion. Sortie en 2007, l’étude est illustrĂ©e d’exemples qui semblent parfois un peu datĂ©s mais jamais inintĂ©ressants. BrenĂ© Brown fait la distinction entre la honte, la culpabilitĂ© et l’humiliation et nous permet de voir combien l’identification de nos dĂ©clencheurs triggers, l’appel Ă  notre esprit critique, le partage avec un rĂ©seau de confiance, l’expression Ă©motionnelle, le courage, la compassion et la culture du lien Ă  l’autre peuvent nous aider Ă  dĂ©passer la honte. Il y a des points intĂ©ressants Ă  propos du contexte sociĂ©tal qui favorise la honte la publicitĂ©, l’industrie cosmĂ©tique, les injonctions autour de la maternitĂ©, la fertilitĂ©, la rĂ©ussite scolaire ou professionnelle
. J’ai aussi beaucoup aimĂ© le rĂ©cit des anecdotes personnelles de l’autrice mais je n’ai pas trouvĂ© ce que j’espĂ©rais dans cette Ă©tude sur la honte. J’ai un autre livre de BrenĂ© Brown en attente, j’en reparlerai si je suis plus and All is Coming Abuse, Cult Dynamics, and Healing in Yoga and Beyond de Matthew RemskiJ’ai eu beaucoup de mal Ă  aller jusqu’au bout de ces trois cent soixante-six pages d’enquĂȘte et de tĂ©moignages au sujet de Pattabhi Jois, fondateur du yoga ashtanga, dĂ©cĂ©dĂ© en 2009. D’abord, la maquette est difficile Ă  suivre, le corps de texte est minuscule et les passages du gris au noir ne rĂ©pondent Ă  aucune logique. Sur un plan structurel, j’ai eu la sensation de faire beaucoup d’allers retours chronologiques mais aussi d’assister Ă  des dizaines de rĂ©pĂ©titions alors que le sujet me passionne. Ce livre publiĂ© en 2019 aux États-Unis a fait l’effet d’une bombe au sein de la communautĂ© amĂ©ricaine des ashtangis les adeptes de l’ashtanga, le yoga le plus exigeant de tous sur le plan physique. Avec l’aide de nombreux tĂ©moignages et l’étude de divers documents livres, vidĂ©os, billets de blog, podcasts
, Matthew Remski rĂ©vĂšle la maniĂšre dont le cĂ©lĂšbre gourou indien Pattabhi Jois, adulĂ© par plusieurs gĂ©nĂ©rations de yogis, s’est servi de son statut et du prĂ©texte d’ajustements pour abuser sexuellement et maltraiter physiquement un grand nombre de femmes et aussi d’hommes ayant assistĂ© Ă  ses cours Ă  Mysore en Inde et ailleurs. Des accusations graves qui ont totalement divisĂ© les fans d’ashtanga et les disciples du maĂźtre. FormĂ© Ă  l’enseignement du yoga, Ă  la mĂ©ditation, au bouddhisme, Ă  l’ayurveda, l’auteur Matthew Remski n’est pas journaliste. Il a rĂ©ussi Ă  s’extraire de deux mouvements sectaires dont il fait mention dans cet ouvrage. Ces Ă©pisodes douloureux l’ont conduit Ă  mener une lutte sans merci contre les dĂ©rives dans le milieu du bien-ĂȘtre et du yoga. J’ai Ă©crit cinq pages de notes en lisant son bouquin que je continue Ă  digĂ©rer. Je ne compte pas faire ici la synthĂšse de ma rĂ©flexion encore en cours. D’oĂč ma difficultĂ© Ă  lire les tĂ©moignages sont parfois insoutenables, en particulier au sujet de la douleur infligĂ©e au corps, considĂ©rĂ©e comme normale », voire porteuse de libĂ©ration ». Or, on est loin d’ĂȘtre sorti de cette croyance ! Combien d’épaules dĂ©mises, de hanches dĂ©logĂ©es, de genoux cassĂ©s, de cĂŽtes brisĂ©es et de dos maltraitĂ©s pour rĂ©ussir Ă  entrer et rester dans des postures acrobatiques ? Quand cesserons-nous vĂ©ritablement de nourrir le dicton No pain, no gain » pas de souffrance, pas de rĂ©compense ? Qu’applaudissons-nous rĂ©ellement lorsque nous nous extasions devant des corps de ballerines totalement brisĂ©s ou des athlĂštes courant avec les mĂ©nisques entourĂ©s de bandages ? Je m’interroge Ă  deux titres. En tant qu’élĂšve Ă  qui on a souvent dit aprĂšs une blessure au yoga que cela faisait partie du chemin », que c’était le signe d’une grande libĂ©ration Ă©nergĂ©tique », que j’étais sans doute mal placĂ©e », que c’était ma faute », que c’était bon signe ». Et je me pose aussi ces questions en tant qu’enseignante comment encourager sans pousser au culte de la performance et Ă  la blessure ? En s’intĂ©ressant Ă  Pattabhi Jois mais aussi aux autres rĂ©vĂ©lations de comportements abusifs ou dĂ©viants des gourous ayant respectivement fondĂ© le yoga sivananda, le kundalini yoga, le yoga nidra, le yoga iyengar, le yoga bikram et j’en passe
, Matthew Remski tente de dĂ©monter le systĂšme qui a permis et permet encore Ă  tous ces maĂźtres » d’exercer une fascination sur leurs disciples qui la transmettent ensuite Ă  leurs propres Ă©lĂšves. Comment considĂ©rer ces outils lorsqu’on sait par qui ils ont Ă©tĂ© créés ? À chacun de cheminer pour trouver une rĂ©ponse qui lui convient. L’enquĂȘte est dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă  charge et les motivations de l’auteur sont claires, c’est pourquoi son livre continue de diviser les yogis qui y voient une croisade personnelle. Il a cependant le mĂ©rite de poser des questions indispensables et d’encourager le discernement afin de repĂ©rer plus facilement l’inacceptable ainsi que la manipulation. Reste Ă  se fader 366 pages en anglais car le livre n’a pas encore Ă©tĂ© traduit en français. Premka White bird in a golden cage, my life with Yogi Bhajan de Pamela Sarah Dyson Editions Eyes Wide PublishingJe n’ai pas lu ce livre cet Ă©tĂ© mais au printemps 2022. NĂ©anmoins, je ne peux pas mentionner le livre de Remski prĂ©cĂ©demment citĂ© sans associer ce tĂ©moignage sorti le 8 janvier 2020. Il est signĂ© Pamela Sarah Dyson dont le nom spirituel Ă©tait Premka du temps oĂč elle travaillait bĂ©nĂ©volement pour Yogi Bhajan fondateur du kundalini yoga, c’est-Ă -dire de la fin des annĂ©es 1960 jusqu’en 1986. En plus d’ĂȘtre l’une de ses maitresses, elle a Ă©tĂ© sa secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale pendant toute cette pĂ©riode qu’elle dĂ©peint comme une incarcĂ©ration en enfer. La premiĂšre fois que j’ai entendu parler de ce livre c’était fin janvier 2020. J’étais avec des enseignants de kundalini yoga plus ĂągĂ©s que moi, trĂšs virulents sur le sujet. Encore une qui veut se faire du fric et attirer l’attention sur elle » ai-je alors entendu. On le sait bien que Yogi Bhajan n’était pas un tendre, et alors ? Il cumulait les conquĂȘtes et elles Ă©taient toutes consentantes, c’était un gĂ©nie » a-t-on ajoutĂ©. C’est facile de cracher sur les morts qui ne peuvent pas se dĂ©fendre »  J’ai Ă©coutĂ© sans me mĂȘler car je n’osais pas leur avouer que je n’ai jamais Ă©tĂ© inspirĂ©e par Yogi Bhajan dĂ©cĂ©dĂ© en 2004. Lorsque j’ai dĂ©couvert cette discipline en 2016, j’ai achetĂ© tous les bouquins que j’ai pu trouver sur le sujet. Yogi Bhajan n’en a Ă©crit aucun mais ses fervents disciples ont pris en note ses confĂ©rences et ont scrupuleusement retranscrit ses cours. Les synthĂšses de ces retranscriptions ont donnĂ© naissance Ă  des dizaines de recueils principalement dĂ©diĂ©s Ă  l’enseignement de ce yoga. J’en ai lu un grand nombre. Les exercices de respiration, les mĂ©ditations et les sĂ©quences de postures kriya m’ont tout de suite beaucoup plu, mais le discours accompagnant la pratique m’a toujours exaspĂ©rĂ©e des promesses dĂ©mesurĂ©es qui feraient rougir les industries cosmĂ©tique et pharmaceutique comme Pratiquez cette mĂ©ditation 31 minutes pendant 1001 jours et vous rajeunirez/deviendrez invincible/ne connaitrez plus aucun problĂšme de dos », une somme d’élucubrations foireuses, en passant par des conseils nutritionnels ne rĂ©pondant Ă  aucune rĂ©alitĂ© scientifique voire mĂȘme dangereux pour la santĂ© ou encore des rĂšgles de vie frapadingues dĂ©livrĂ©es dans un recueil baptisĂ© Humanologie qui m’est tombĂ© des mains dĂšs les premiĂšres pages lorsque j’ai tentĂ© de le lire
 Sur YouTube, j’ai regardĂ© des tonnes de vidĂ©os de lui pour tenter de saisir son discours tout comme son personnage ostensiblement odieux. J’ai aussi Ă©coutĂ© des dizaines d’enregistrements de ses cours disponibles sur le site Library of Teachings. Les profs que j’ai rencontrĂ©s qui l’ont connu m’ont expliquĂ© que je ne pouvais pas comprendre » car j’essayais d’intellectualiser le maĂźtre » sur un plan rationnel et non de le ressentir dans sa dimension Ă©nergĂ©tique ». Et puis, c’était une autre Ă©poque ». En gros, il fallait l’avoir connu et avoir pratiquĂ© avec lui, point barre. Je me souviens avoir demandĂ© pourquoi certains profs affichaient sa photo sur leurs autels alors que ce yoga enseigne que la sagesse est logĂ©e Ă  l’intĂ©rieur de chacun. On m’a expliquĂ© que la prĂ©sence d’un de ses portraits servait de vĂ©hicule pour trouver la voie du Soi supĂ©rieur. Mouais. Ce culte de la personnalitĂ© n’a jamais eu de sens pour moi. Tout comme l’utilisation du turban ou le fait de s’habiller en coton blanc pour pratiquer. Lorsque j’ai entamĂ© mon cycle de formations Ă  l’enseignement, j’étais d’ailleurs rassurĂ©e car personne n’était habillĂ© en blanc, personne ne portait de turban et l’école n’affichait pas de photo de Yogi Bhajan. À premiĂšre vue, il n’était pas traitĂ© comme une icĂŽne une de mes formatrices partageait d’ailleurs tout Ă  fait mes impressions Ă  son sujet contrairement Ă  tous les studios traditionnels amĂ©ricains oĂč j’avais remarquĂ© des posters gĂ©ants du maĂźtre » derriĂšre l’estrade des enseignants. Le fait de ne pas le montrer ne signifiait pas pour autant qu’il n’était pas adulĂ© par d’autres formateurs. Lorsque j’ai commencĂ© Ă  enseigner j’ai consciencieusement choisi d’éviter de mentionner Yogi Bhajan. Je me contentais de dire qu’il avait Ă©tĂ© le premier Ă  diffuser ce yoga en Occident. MĂȘme ses citations sensĂ©es valoriser les femmes en les prĂ©sentant comme des dĂ©esses me paraissaient totalement caricaturales, dĂ©pourvus de fondement scientifique et contre-productives. Donc, quand le livre Premka de Pamela Sarah Dyson est sorti, je ne me suis intĂ©ressĂ©e ni au contenu ni au dĂ©bat qui l’entourait. Je crois aussi que j’avais peur de ce que j’allais y dĂ©couvrir comme si le livre Ă©tait un virus pouvant contaminer ma passion pour cette pratique. En France, le rĂ©cit est passĂ© inaperçu, puis le Covid est arrivĂ© dans nos vies et j’ai Ă©tĂ© occupĂ©e comme nous tous par bien d’autres sujets. Aux États-Unis en revanche, le livre de Pamela Sarah Dyson a dĂ©chirĂ© la communautĂ© du kundalini yoga. Il faut dire que son tĂ©moignage donne la nausĂ©e. Le niveau de manipulation et d’abus dĂ©noncĂ©s est hyperbolique. LibĂ©rant la parole d’un grand nombre de victimes, la sortie du livre a Ă©tĂ© suivie d’une enquĂȘte menĂ©e par l’organisme indĂ©pendant An Olive Branch au sein de 3HO, la sociĂ©tĂ© initialement fondĂ©e par Yogi Bhajan qui continue Ă  gĂ©rer mondialement l’hĂ©ritage de ses enseignements ainsi que les copyright. En aoĂ»t 2020, 3HO a publiĂ© un rapport rĂ©unissant plusieurs centaines tĂ©moignages au sujet du comportement du maitre indien. La communautĂ© amĂ©ricaine du kundalini yoga s’est alors divisĂ©e en deux camps le premier, accablĂ© par les rĂ©vĂ©lations ignobles a choisi de prendre ses distances avec Yogi Bhajan. Sa photo a soigneusement Ă©tĂ© retirĂ©e des manuels de formation Ă  l’enseignement publiĂ©s par le Kundalini Yoga Research Institute KRI ainsi que du site de 3HO qui a dĂ» prĂ©senter des excuses publiques aux victimes. Certains sont mĂȘme allĂ©s jusqu’à renoncer Ă  la pratique et l’enseignement du kundalini yoga, reprochant Ă  leurs professeurs d’avoir toujours su et cachĂ© les agressions de leur maĂźtre. L’autre camp, constituĂ© de proches et de fidĂšles de Yogi Bhajan mais aussi de jeunes enseignants ne l’ayant jamais rencontrĂ©, n’a pas pu se rĂ©soudre Ă  croire Ă  ce qu’elle a qualifiĂ© de calomnieux. Une rĂ©action classique Ă  chaque fois qu’une figure Ă©tablie tombe de son piĂ©destal. ParticuliĂšrement vĂ©hĂ©ments, la fondatrice de Rama Institute Guru Jagat dĂ©cĂ©dĂ©e brutalement en aoĂ»t 2021 et son acolyte Harijiwan fondateur du groupe de musique White Sun ont condamnĂ© avec fermetĂ© les accusations portĂ©es contre leur guru, prĂ©sentant Pamela Sarah Dyson comme une menteuse dont les motivations seraient pĂ©cuniaires et qui aurait d’ailleurs dĂ©jĂ  perçu de l’argent en attaquant en justice Yogi Bhajan dans les annĂ©es 1980. D’autres ont choisi de se taire publiquement tout en soutenant, en privĂ©, celui qu’ils continuent Ă  appeler leur maĂźtre » dans leurs cours. En septembre 2020, lorsque j’ai entendu parler de ce rapport, j’ai adoptĂ© une nouvelle stratĂ©gie d’évitement aprĂšs tout, je n’étais pas fan de Yogi Bhajan » mais de kundalini yoga ». En prime, j’étais encore persuadĂ©e que les enseignements partagĂ©s par Yogi Bhajan Ă©taient millĂ©naires et qu’il s’était contentĂ© de les diffuser aux États-Unis puisque c’est ce qu’on m’avait enseignĂ© et rĂ©pĂ©tĂ© ce que je sais ĂȘtre aujourd’hui totalement faux j’invite ceux que le sujet intĂ©resse Ă  lire l’enquĂȘte du chercheur et historien Philip Deslippe doctorant Ă  l’UniversitĂ© de Santa Barbara au dĂ©partement des Ă©tudes religieuses en AmĂ©rique du Nord sur les origines vĂ©ritables de ce que l’on appelle le kundalini yoga. En 2021, une sĂ©rie d’évĂ©nements se sont chargĂ©s de me faire comprendre que j’étais tout Ă  fait concernĂ©e et qu’il Ă©tait temps que je cesse de faire l’autruche. En dĂ©cembre 2021, je suis tombĂ©e sur une enquĂȘte du Vanity Fair US au sujet de Guru Jagat qui m’a fait frissonner. Lors de sa venue en France pour une sĂ©rie d’ateliers qu’elle a encadrĂ©s en janvier 2019, j’ai dĂ©testĂ© l’expĂ©rience et n’ai pas succombĂ© Ă  la fascination qu’elle exerçait sur son public. J’étais cependant loin d’imaginer ce que rĂ©vĂšle l’article du Vanity Fair. J’en ai parlĂ© avec des professeurs qui cheminaient comme moi dans ce marĂ©cage nausĂ©abond. J’ai choisi de prendre mes distances avec ceux qui se moquaient des pseudo-victimes » de Yogi Bhajan ainsi qu’avec ceux qui continuaient Ă  se rĂ©fĂ©rer Ă  leur maĂźtre » sans le contextualiser sous prĂ©texte qu’il ne faut pas juger » et que toute cette affaire nous offre un magnifique enseignement sur le caractĂšre humain et faillible du maĂźtre ». BULLSHIT. J’ai finalement commandĂ© le livre de Pamela Sarah Dyson que je n’ai lu qu’en avril 2022 par manque de temps et aussi par rĂ©sistance vis-Ă -vis du sujet. AprĂšs l’avoir englouti, je me suis aussitĂŽt lancĂ©e dans la lecture des rĂ©sultats de l’enquĂȘte de 76 pages publiĂ©s sur le site de 3HO. L’organisme An Olive Branch a rĂ©uni les tĂ©moignages des supporters de Yogi Bhajan ainsi que ceux des victimes qui ont acceptĂ© de parler aprĂšs la sortie du tĂ©moignage de Pamela Sarah Dyson. Le travail d’enquĂȘte est sĂ©rieux et les conclusions sont Ă©quilibrĂ©es avec une mĂ©thodologie clairement exposĂ©e, offrant une synthĂšse d’ensemble pour chaque sujet Ă©voquĂ© violences au cours d’actes sexuels, exposition d’adolescents mineurs Ă  des films pornographiques, harcĂšlement sexuel, mariages arrangĂ©s, manipulations
. J’ai eu du mal Ă  aller jusqu’au bout tant les tĂ©moignages sont accablants. J’étais bouleversĂ©e. J’ai poursuivi mes recherches, Ă©coutĂ© des podcasts, lu d’autres livres, discutĂ© avec de nombreux yogis
 Ce travail n’est Ă©videmment pas terminĂ© mais il a dĂ©jĂ  modifiĂ© mon rapport Ă  la pratique, qu’il s’agisse du kundalini yoga ou du yoga vinyasa. Ceux qui suivent mes cours depuis plusieurs annĂ©es s’en sont d’ailleurs aperçus le ton, le contenu et la maniĂšre avec laquelle j’enseigne depuis janvier 2022 a beaucoup Ă©voluĂ©. Ma pratique personnelle a Ă©galement changĂ©. En mai 2022, lorsque j’ai commencĂ© ma formation Ă  l’enseignement du yoga vinyasa, les affirmations ont toutes Ă©tĂ© remplacĂ©es par des questions. Au lieu d’absorber les informations comme je l’avais fait lorsque j’ai Ă©tĂ© formĂ©e au kundalini yoga j’avais confiance en mes enseignants, j’étais enthousiaste et bonne Ă©lĂšve, je remets dĂ©sormais chaque enseignement en question. Qui dit quoi ? Quelle en est la source ? Pourquoi le croire ? Qu’est-ce que ça me fait de le croire ? S’agit-t-il d’une croyance religieuse ou d’une vĂ©ritĂ© scientifiquement prouvĂ©e ? Et si c’est une croyance, pourquoi nous la prĂ©sente-t-on comme une rĂ©alitĂ© dont on ne saurait douter ? Est-ce que je suis d’accord pour croire ? Quel crĂ©dit accorder Ă  tous ces maĂźtres indiens qui ont abusĂ© de leur pouvoir ? Pourquoi continuer Ă  les citer sans les remettre dans leur contexte ? Quelle valeur accorder aux outils qu’ils ont dĂ©veloppĂ©s au cours du XXe siĂšcle ? Ces outils tiennent-ils leurs promesses ou bien participent-ils au maintien d’un systĂšme de domination et de soumission entre l’élĂšve et son professeur ? Je n’ai pas toutes les rĂ©ponses et elles changeront probablement au fil de mes recherches. J’en suis lĂ , je dĂ©sosse et j’observe. J’ai l’impression d’ĂȘtre au milieu des dĂ©combres et de soulever des gravats pour y dĂ©celer les particules d’or Ă  la pince Ă  Ă©piler. Je ne remets pas en question les bĂ©nĂ©fices rĂ©coltĂ©s ces derniĂšres annĂ©es grĂące Ă  la pratique du kundalini yoga, du vinyasa yoga et de la mĂ©ditation. Mon entourage, ma famille comme mes amis, peuvent tĂ©moigner de la transformation que cette pratique m’a permis d’opĂ©rer. Ils n’ont pas cessĂ© de me le rappeler ces derniers mois. Chaque jour, je reçois des dizaines de messages d’élĂšves me remerciant pour les effets positifs de mes cours en ligne, pas seulement sur leur forme physique mais aussi dans leurs relations aux autres, leur confiance au travail et la rĂ©alisation des projets qui leur tiennent Ă  cƓur. Je connais les effets incroyables des mĂ©ditations, des chants de mantras et des pranayamas et nous avons Ă©tĂ© des milliers Ă  en faire l’expĂ©rience ensemble sur Instagram pendant les confinements de 2020. Je ne cherche pas Ă  tout rationaliser est-ce seulement possible ? et je ne veux pas me fermer Ă  l’émerveillement ni Ă  la part de mystĂšre qui saisit mon cƓur dĂšs lors que je regarde un ciel Ă©toilĂ©. Mais j’ai besoin de mieux comprendre ce que je transmets et de cesser d’affirmer des conneries si j’en rĂ©pĂšte sans en ĂȘtre encore consciente. Je ne pensais pas que le livre Premka provoquerait un tel cataclysme intĂ©rieur. Mais s’il y a bien une croyance que j’assume pleinement, c’est la suivante on n’est jamais trop conscient. Ce livre n’a pas Ă©tĂ© traduit en français question Ă  qui ai-je prĂȘtĂ© ce bouquin? Impossible de le retrouver
Happy Days de Gabrielle Bernstein Hay House IncAutrice de best-sellers outre atlantique, Gabrielle Bernstein est une coach experte en dĂ©veloppement personnel. Elle est ce qu’on appelle aux États-Unis “a motivational speaker” c’est Ă  dire une confĂ©renciĂšre qui booste la motivation. Ancienne toxicomane, elle s’est fait connaitre au dĂ©but des annĂ©es 2010 en partageant les solutions qui lui ont permis d’abandonner l’usage de l’alcool et de la cocaĂŻne. La dĂ©couverte de la spiritualitĂ©, du yoga et de nombreuses thĂ©rapies ont jonchĂ© le chemin de guĂ©rison qu’elle a entamĂ© il y a plus de vingt ans. C’est d’ailleurs dans un studio de yoga new-yorkais que j’ai dĂ©couvert son livre The Universe Has Your Back L’univers veille sur vous, traduit en français aux Editions Guy Tredaniel en fĂ©vrier 2017. Je n’étais pas adepte de ce genre d’ouvrages avant de frĂ©quenter les salles de yoga. Ancienne journaliste, j’avais plutĂŽt du mĂ©pris pour les livres qui font la promesse de solutions simples et miraculeuses. J’étais encore plus mĂ©fiante avec tout ce qui m’apparaissait Ă©sotĂ©rique ou religieux. Je continue Ă  l’ĂȘtre mĂȘme si l’on pourrait croire le contraire. Pourtant, plusieurs chapitres de Universe has your back m’ont troublĂ©e et aidĂ©e Ă  me faire confiance. J’étais alors en pleine lune de miel avec le kundalini yoga que je venais de dĂ©couvrir un an plus tĂŽt, une discipline abondamment citĂ©e dans L’univers veille sur vous puisque Gabrielle Berstein a elle aussi Ă©tĂ© formĂ©e Ă  l’enseignement de cette pratique NB j’ai remarquĂ© qu’elle n’utilise plus aucune rĂ©fĂ©rence au kundalini yoga ni Ă  Yogi Bhajan depuis la libĂ©ration de la parole de ses victimes ; dans ce podcast enregistrĂ© en janvier 2022, elle fait rĂ©fĂ©rence Ă  ceux qu’elle considĂ©rait comme ses guides et qui l’ont profondĂ©ment déçue. J’ai achetĂ© ses deux livres suivants mais je n’ai pas fini Judgment Detox et je n’ai finalement jamais entamĂ© Super Attractor. En fĂ©vrier 2022, Gabrielle Berstein m’a envoyĂ© son dernier nĂ© Happy Days en anglais qui a Ă©tĂ© traduit en français et est sorti sous le mĂȘme titre aux Editions Guy Tredaniel en juin 2022. Il est restĂ© sur ma table de chevet pendant des mois et je viens tout juste de le finir. Dans ce guide, elle confie ce qu’elle n’avait encore jamais avouĂ© un abus sexuel dont elle a Ă©tĂ© victime lorsqu’elle Ă©tait enfant et dont le souvenir traumatique est remontĂ© Ă  la surface il y a seulement cinq ans lors d’une sĂ©ance avec sa psy. DerriĂšre l’apparente rĂ©ussite de Gabrielle Bernstein et les confĂ©rences vertigineuses qu’elle anime dans des salles remplies de spectateurs se cachait un dĂ©sarroi profond qu’elle partage courageusement dans son nouveau guide. Ce livre vient alimenter le courant actuel de nombreux tĂ©moignages sur la vulnĂ©rabilitĂ©, la honte et la fragilitĂ©. Il dĂ©construit les projections et l’imaginaire autour du succĂšs ainsi que la figure du thĂ©rapeute » NB Gabrielle Bernstein ne se prĂ©sente pas en tant que thĂ©rapeute mais elle est formĂ©e Ă  plusieurs techniques citĂ©es dans le livre et donne quotidiennement des conseils qui donnent l’impression qu’elle est, de fait, thĂ©rapeute dont on attend souvent – Ă  tort – une incarnation de pleine santĂ© mentale. Il est ponctuĂ© d’exercices introspectifs assez ambitieux Ă  mon sens sans l’aide d’un thĂ©rapeute ou d’un groupe de soutien et de nombreux outils qui ont permis Ă  l’autrice de libĂ©rer l’origine de ses crises d’angoisse, comme l’EMDR Eye Movement Desensitization Reprocessing , l’EFT Emotional Freedom Technique, l’IFS Internal Family System et la SE Somatic experiencing dont je n’avais jamais entendu parler, ainsi que des mĂ©ditations qui encouragent la prise de conscience des messages corporels. Il y a deux Ă©lĂ©ments qui m’ont paru intĂ©ressants et avec lesquels je me sens en rĂ©sonnance. Le premier concerne les triggers », ces dĂ©clencheurs Ă©motionnels qui nous conduisent Ă  nous battre/nous dĂ©fendre, Ă  fuir/Ă©viter ou Ă  nous pĂ©trifier. J’en ai dĂ©jĂ  beaucoup parlĂ© dans les diffĂ©rents ateliers que j’ai animĂ©s online car identifier ce qui nous fait partir en toupie me parait essentiel lorsqu’on souhaite reconnaitre les schĂ©mas qui nous emprisonnent. Lorsqu’on est face Ă  une trigger » une gĂąchette en français, le corps est le premier Ă  rĂ©agir rougeurs, tensions, maux de ventre, serrage de mĂąchoire, immobilité  et il est accompagnĂ© d’une Ă©motion colĂšre, chagrin, honte, peur, insĂ©curité  qui nous conduit Ă  mettre en place une stratĂ©gie pour stopper l’émotion inconfortable en cours manger, fumer, boire, se droguer, travailler Ă  outrance pour obtenir une validation extĂ©rieure, zoner sur les rĂ©seaux sociaux, s’anesthĂ©sier devant une sĂ©rie tĂ©lĂ©, hurler, se bagarrer, bitcher auprĂšs de son entourage, consommer du sexe Ă  outrance
 Attention, les triggers qui agissent comme des drapeaux rouges ne sont pas mauvais » et ne doivent pas ĂȘtre ignorĂ©s si je marche trop prĂšs d’un ravin, je ressens un frisson et de la peur ce qui me permet de rĂ©agir et d’adopter un comportement adĂ©quat en me reculant du bord pour Ă©viter de tomber. Dans ce livre, Gabrielle Bernstein nous rappelle qu’il est plus facile de se dĂ©barrasser du symptĂŽme la stratĂ©gie rĂ©actionnelle = l’addiction que de cultiver sa curiositĂ© pour l’émotion inconfortable provoquĂ©e par le dĂ©clencheur initial. Or identifier ce ressenti Ă©motionnel permet de rĂ©colter la pensĂ©e qui y est attachĂ©e et de traquer la source traumatique un travail qui me parait impossible sans l’aide d’un thĂ©rapeute adaptĂ©. En luttant uniquement contre la stratĂ©gie finale sans explorer l’émotion en prĂ©sence, on finit par crĂ©er de nouvelles addictions anesthĂ©siantes. Exemples remplacer la cocaĂŻne par une addiction au travail comme Gabrielle Bernstein l’a fait, remplacer la boulimie par une addiction au contrĂŽle alimentaire
 Je sais que la psychanalyse le disait dĂ©jĂ  il y a plus de cent ans mais sans prĂ©tention et avec courage, Gabrielle Bernstein utilise des Ă©pisodes peu glorieux de sa vie au travail, avec son fils ou ses amis afin d’illustrer concrĂštement ses prises de conscience en espĂ©rant que ses anecdotes auront un effet miroir sur le lecteur. Le deuxiĂšme Ă©lĂ©ment du livre qui me semble intĂ©ressant est la compassion nĂ©cessaire pour avancer lorsqu’on est engagĂ© dans un processus de guĂ©rison, quel que soit le traumatisme. Compassion pour toutes les parties de nous, celles qui sur-rĂ©agissent, celles qui ont envie de tordre le cou, celles qui font des sales coups et qui sont pleines de mauvaise foi, vis-Ă -vis de nous-mĂȘmes et des autres. Toutes ces parties se sont dĂ©veloppĂ©es au fil de nos blessures et tentent de veiller Ă  notre sĂ©curitĂ© comme Ă  notre survie. Y compris lorsqu’elles nous poussent Ă  adopter des comportements qui finissent par nous dĂ©truire. D’aprĂšs Gabrielle Bernstein, elles cherchent Ă  protĂ©ger l’enfant intĂ©rieur blessĂ© et exilĂ© en nous. Faire preuve de compassion pour nos stratĂ©gies dĂ©fensives, d’évitement ou d’attaque permet de les apaiser et de renouer avec la blessure la plus ancienne. Il y a bien d’autres outils mentionnĂ©s au cours du livre, du journal de la rage qui m’a rappelĂ© le journal de la colĂšre que j’ai tenu en 2018 pendant quelques mois au mouvement corporel. J’avoue rester insensible aux nombreuses priĂšres et citations issues du livre A Course in Miracles sorti aux dĂ©buts des annĂ©es 1970, un genre de bible prĂ©sentĂ©e par des millions d’adeptes comme une parole christique des temps modernes, largement promue par l’écrivaine Marianne Williamson. Ce qui me parait important en revanche, en particulier pour ceux qui suivent et admirent Gabrielle Bernstein, est l’authenticitĂ© avec laquelle elle raconte la dissonance entre ce que son public percevait d’elle et les crises d’angoisse qu’elle traversait. Dernier message important du livre il n’y a pas de mĂ©thode miraculeuse pour guĂ©rir et Gabrielle Bernstein admet Ă  plusieurs reprises que les outils spirituels qu’elle vantait dans ses prĂ©cĂ©dents livres n’ont pas Ă©tĂ© suffisants lors de sa dĂ©pression postpartum. C’est courageux de l’écrire. Prendre soin de sa santĂ© mentale exige un accompagnement adaptĂ©, du temps, du courage
 et aussi de l’argent, car la plupart des thĂ©rapies citĂ©es sont coĂ»teuses. En France, il existe des centres mĂ©dico psychopĂ©dagogiques qui proposent des thĂ©rapies entiĂšrement remboursĂ©es par la sĂ©curitĂ© sociale c’est d’ailleurs ce qui m’a permis d’entreprendre un travail psychanalytique Ă  l’ñge de 16 ans en toute confidentialitĂ©, certains psychiatres formĂ©s Ă  l’EMDR peuvent Ă©galement ĂȘtre Ă©ligibles Ă  un remboursement des sĂ©ances. Dernier avertissement en dehors de l’EMDR que j’ai pratiquĂ© auprĂšs d’une psychologue clinicienne agréée et dont l’efficacitĂ© a Ă©tĂ© reconnue par la Haute AutoritĂ© de SantĂ© ainsi que l’OMS, je ne sais rien des mĂ©thodes citĂ©es ci-dessus ni des thĂ©rapeutes qui les ont mises au point et qui sont interviewĂ©s dans son livre. Je vous invite Ă  faire vos propres recherches.